Biélorussie : Contexte politico-économique
Dans cette page : Les indicateurs économiques | Les chiffres du commerce international | Les sources d'information économique générale | Le contexte politique
Le 24 février 2022, la Russie a initié un conflit militaire sur le territoire ukrainien, entraînant dans son sillage le Belarus, facilitant l'invasion de l'Ukraine, ce qui bouleverse profondément le contexte politique actuel dans ces pays et aura des ramifications politiques et économiques substantielles. Pour des mises à jour permanentes sur l'évolution du conflit entre la Russie et l'Ukraine, veuillez consulter les pages dédiées sur Le Monde.
Le Belarus est en pleine transition économique, héritant des caractéristiques structurelles de l'ancien bloc soviétique. Le pays dépend fortement de la Russie, son principal partenaire commercial, et dans une moindre mesure de l'Ukraine, dont la situation économique et politique a influencé négativement le Belarus ces dernières années, en particulier à la suite de l'invasion russe. En 2024, la Biélorussie a connu une croissance plus forte que prévu (estimée à 4 % selon les chiffres officiels du gouvernement), en raison de la vigueur des dépenses de consommation, de l'augmentation de l'activité d'investissement et de la demande accrue de la part de la Russie. En outre, le gouvernement a stimulé la demande intérieure par des mesures administratives et des politiques expansionnistes. Toutefois, le PIB potentiel reste limité par les sanctions et l'accès restreint aux technologies de pointe, malgré les efforts déployés pour stimuler l'investissement. Avec le ralentissement de l'économie russe et le resserrement de la politique monétaire, l'économie en surchauffe du Belarus devrait décélérer pour atteindre 1,2 % en 2025. La consommation restera le principal moteur de la croissance, mais à un rythme plus lent en raison d'un marché du travail tendu, tandis que les investissements apporteront une contribution positive, mais seront soumis à des contraintes monétaires. Les exportations nettes pourraient peser sur la croissance en raison de la dépendance à l'égard du marché et d'un environnement extérieur difficile (Banque mondiale).
Depuis la crise financière de 2011, l'économie du Belarus a été influencée par d'importants déséquilibres internes et externes, fortement soutenus par des prêts de la Russie. Par conséquent, l'économie est vulnérable aux chocs extérieurs et aux fluctuations des performances économiques de la Russie. Le ratio dette/PIB était estimé à 41,4 % en 2024, contre 40,7 % l'année précédente, et devrait rester relativement stable, à 40,3 % en 2025 et 40,6 % l'année prochaine (FMI). Environ un tiers de la dette est détenue en devises étrangères, ce qui accroît les risques liés à la dépréciation du rouble biélorusse. Le budget du gouvernement a enregistré un déficit de 4,8 milliards de BYN selon le ministère des finances. Le budget 2025 du pays prévoit un déficit de 4,5 milliards de BNY (1,6 % du PIB), avec des recettes de 45,5 milliards de BNY et des dépenses de 50 milliards de BNY. L'inflation annuelle moyenne s'est établie à 5,7 % en 2024, soit un ralentissement par rapport aux 5,8 % de 2023 et aux 12,8 % de l'année précédente.
La Biélorussie affiche des niveaux de pauvreté et d'inégalité relativement faibles, avec un taux de pauvreté inférieur à 1 % en 2024 selon les derniers chiffres de la Banque mondiale (sur la base du seuil de pauvreté des revenus moyens supérieurs). Toutefois, le pays connaît des progrès inégaux dans sa transition vers l'économie de marché et la démocratie, et la crise économique et politique actuelle menace d'accroître les niveaux de pauvreté. Le taux de chômage s'élevait à 3 % l'année dernière et devrait diminuer de 0,1 point de pourcentage en 2025, selon le FMI. Toutefois, à moyen terme, l'inflation, un marché du travail tendu, des pertes financières dans les entreprises et un transfert de ressources vers des secteurs moins productifs pourraient réduire l'efficacité des mesures de relance économique.
| Indicateurs de croissance | 2024 (E) | 2025 (E) | 2026 (E) | 2027 (E) | 2028 (E) |
|---|---|---|---|---|---|
| PIB (milliards USD) | 71,18 | 71,56 | 74,69 | 77,76 | 81,14 |
| PIB (croissance annuelle en %, prix constant) | 4,0 | 2,8 | 2,0 | 1,4 | 0,9 |
| PIB par habitant (USD) | 7.794 | 7.875 | 8.261 | 8.643 | 9.065 |
| Solde des finances publiques (en % du PIB) | 0,3 | -0,8 | -1,5 | -1,7 | -1,7 |
| Endettement de l'Etat (en % du PIB) | 44,4 | 42,9 | 43,1 | 42,5 | 41,8 |
| Taux d'inflation (%) | 5,8 | 5,5 | 5,8 | 5,7 | 5,3 |
| Taux de chômage (% de la population active) | 3,0 | 2,9 | 2,9 | 2,9 | 2,9 |
| Balance des transactions courantes (milliards USD) | -1,99 | -2,00 | -2,16 | -2,25 | -2,28 |
| Balance des transactions courantes (en % du PIB) | -2,8 | -2,8 | -2,9 | -2,9 | -2,8 |
Source : FMI - World Economic Outlook Database , Latest available data
Note : (e) Donnée estimée
Le Belarus possède plusieurs ressources naturelles sur son territoire, notamment du bois, des minéraux, de petits gisements de pétrole et de gaz naturel, du granit, du calcaire, de l'argile, du sable, de la tourbe et de la dolomie. L'agriculture représente 7,3 % du PIB du pays et emploie 10 % de la population active (Banque mondiale, dernières données disponibles). Les principaux produits agricoles sont le bœuf, le porc, la volaille, le lait et les céréales (y compris les pommes de terre, les légumes, les cucurbitacées et les graines). Le Belarus est le troisième producteur mondial de fibres de seigle et de lin. Le pays figure également parmi les plus grands exportateurs de beurre, de poulet et de fromage au monde. Près de 60 % de la production agricole est concentrée dans des fermes coopératives d'État fortement subventionnées, héritées des kolkhozes, qui constituaient la base de la politique agricole de l'Union soviétique. L'agriculture biélorusse dépend fortement du marché russe, vers lequel elle exporte environ 90 % de ses produits agricoles. Selon les données du Comité national des statistiques, la production agricole biélorusse en 2024 s'élevait à 11,1 milliards de dollars, les organisations agricoles produisant 9,07 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,1 % par rapport à l'année précédente. En outre, les exportations de denrées alimentaires et de matières premières agricoles ont augmenté de 14,4 %.
L'industrie contribue à 32,5 % du PIB du pays et emploie environ 31,1 % de la population active. En tant qu'ancien pays de l'URSS, le Belarus dispose d'une base industrielle développée, mais vieillissante et fortement subventionnée. Les principales industries sont les machines-outils, les équipements agricoles, les engrais, les produits pétroliers et chimiques, les produits alimentaires (y compris les boissons et le tabac), les matériaux de construction préfabriqués, les véhicules à moteur, les textiles et les équipements ménagers (tels que les réfrigérateurs, les montres, les téléviseurs et les radios). Le secteur manufacturier contribue à lui seul à 23 % du PIB du pays, la fabrication de produits alimentaires, de coke et de produits pétroliers raffinés représentant une part importante. Selon Belstat, en 2024, le volume de la production industrielle en prix courants s'élevait à 202,4 milliards de BYN, en hausse de 5,4 % par rapport à l'année précédente. La production de l'industrie minière a augmenté de 3,6 % et celle du secteur manufacturier de 5,5 %.
Le secteur tertiaire contribue à 47,8 % du PIB et a connu une croissance significative depuis l'éclatement de l'URSS, employant 58,9 % de la population active. Les secteurs clés sont les services financiers, les technologies de l'information, les transports et le tourisme. Les services de transport, qui représentent près de 42 % des exportations totales de services du pays et plus de 50 % de la balance du commerce extérieur des services, constituent environ 6 % du PIB. Le commerce est également un secteur économique crucial, contribuant de manière substantielle au PIB de la nation : en janvier-novembre 2024, le commerce de détail a totalisé 80,8 milliards de BYN, en hausse de 11,8 % par rapport à la même période de l'année dernière en prix comparables. Le secteur du tourisme repose principalement sur les visiteurs russes, qui représentaient 80 % du total des arrivées étrangères en 2024.
| Répartition de l'activité économique par secteur | Agriculture | Industrie | Services |
|---|---|---|---|
| Emploi par secteur (en % de l'emploi total) | 10,0 | 31,1 | 58,9 |
| Valeur ajoutée (en % du PIB) | 6,9 | 30,7 | 49,7 |
| Valeur ajoutée (croissance annuelle en %) | 2,2 | 6,0 | 3,0 |
Source : Banque Mondiale - Dernières données disponibles.
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| Indicateurs monétaires | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 |
|---|---|---|---|---|---|
| Rouble biélorusse (BYR) - Taux de change annuel moyen pour 1 MAD | 0,26 | 0,28 | 0,26 | 0,30 | 0,33 |
Source : Banque Mondiale - Dernières données disponibles.
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L'indicateur de liberté économique mesure dix composantes de la liberté économique, regroupées en quatre grandes catégories : la règle de droit (droits de propriété, niveau de corruption) ; Le rôle de l'Etat (la liberté fiscale, les dépenses du gouvernement) ; L'efficacité des réglementations (la liberté d'entreprise, la liberté du travail, la liberté monétaire) ; L'ouverture des marchés (la liberté commerciale, la liberté d'investissement et la liberté financière). Chacune de ces 10 composantes est notée sur une échelle de 0 à 100. La note globale du pays est une moyenne des notes des 10 composantes.
Liberté économique dans le monde (carte interactive)
Source : Indice de liberté économique, Heritage Foundation
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L'économie bélarussienne est principalement détenue par l'État, plus de 70 % du PIB étant générés par des entreprises publiques ou parapubliques. Parallèlement, le pays reste très ouvert au commerce international, qui représente 133 % de son PIB (Banque mondiale, dernières données disponibles). Le Belarus exporte une grande variété de produits, notamment du pétrole et des produits pétroliers, des engrais, des camions et des tracteurs, des pièces détachées, du lait et du fromage, des produits à base de viande, des meubles et du bois, ainsi que des pneus. Une part importante de ses produits manufacturés, plus de 60 %, est exportée vers les marchés étrangers. En particulier, l'industrie mécanique joue un rôle crucial, avec 75 % des produits de ce segment vendus à l'extérieur du pays (données gouvernementales officielles). Du côté des importations, la Biélorussie importe principalement des voitures (23,1 %), des équipements de diffusion (3,5 %), des écrans vidéo (2,5 %), des médicaments emballés (2,5 %) et des tissus légers en tricot caoutchouté (2,2 % - données de l'OEC).
Si l'on exclut la Russie, qui est le principal partenaire commercial, en 2023, les principales destinations des exportations du Belarus sont la Chine (34,2 %), le Kazakhstan (9,9 %), l'Ouzbékistan (6,7 %), la Pologne (5,9 %) et le Brésil (5,5 %). À l'inverse, les importations proviennent principalement de Chine (32,7 %), de Pologne (16,0 %), d'Allemagne (11,5 %), de Lituanie (10,3 %) et de Turquie (9,4 % - données OEC). En raison des liens historiques de l'ère soviétique, l'économie du Belarus reste fortement concentrée sur le marché russe, qui constitue à la fois un débouché et un fournisseur important. Récemment, les relations commerciales avec la Chine se sont renforcées, notamment grâce au projet de nouvelle route de la soie de Pékin. Toutefois, l'Union européenne, deuxième partenaire commercial du Belarus, a refusé de ratifier l'accord bilatéral de partenariat et de coopération en raison de préoccupations concernant « le manque d'engagement du Belarus en faveur de la démocratie et des droits politiques et civils ».
La balance commerciale du Belarus a connu des fluctuations ces dernières années. En 2023, les exportations s'élevaient à 40,1 milliards USD (+5,1 % en glissement annuel) pour les marchandises et à 8,6 milliards USD (-6,5 %) pour les services commerciaux, tandis que les importations totalisaient 43,2 milliards USD (+12,9 % en glissement annuel) pour les marchandises et 5,9 milliards USD (17,8 %) pour les services commerciaux (données de l'OMC). La Banque mondiale indique que le Belarus a enregistré un excédent commercial de 0,6 % du PIB en 2023 (contre 6,1 % un an plus tôt). Les chiffres préliminaires de Belstat indiquent qu'en 2024, le chiffre d'affaires du commerce extérieur pour les biens et les services a augmenté de 5,1 % en glissement annuel, dépassant les 100 milliards USD, avec des exportations de 49,4 milliards USD et des importations totalisant 50,7 milliards USD.
| Indicateurs du commerce extérieur | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 |
|---|---|---|---|---|---|
| Importations de biens (millions USD) | 32.767 | 41.387 | 38.311 | 43.092 | 45.700 |
| Exportations de biens (millions USD) | 29.179 | 39.762 | 38.220 | 39.840 | 40.327 |
| Importations de services (millions USD) | 4.844 | 5.693 | 5.179 | 5.894 | 6.482 |
| Exportations de services (millions USD) | 8.778 | 10.301 | 9.480 | 8.676 | 9.889 |
| Importations de biens et services (croissance annuelle en %) | -7,4 | 5,7 | -18,2 | 22,7 | 5,3 |
| Exportations des biens et services (croissance annuelle en %) | -3,7 | 10,1 | -21,0 | 19,0 | 2,9 |
| Importations de biens et services (en % du PIB) | 57,9 | 65,2 | 57,0 | 65,6 | 66,9 |
| Exportations des biens et services (en % du PIB) | 61,0 | 70,8 | 63,1 | 66,0 | 65,1 |
| Balance commerciale (hors services) (millions USD) | -1.993 | -667 | 385 | -2.528 | -4.701 |
| Balance commerciale (services inclus) (millions USD) | 1.948 | 3.950 | 4.686 | 255 | -1.293 |
| Commerce extérieur (en % du PIB) | 118,9 | 136,0 | 120,0 | 131,6 | 131,9 |
Source : OMC - Organisation Mondiale du Commerce ; Banque Mondiale , dernières données disponibles
| Principaux clients (% des exportations) |
2021 |
|---|---|
| Russie | 35,0% |
| Pologne | 4,0% |
| Ukraine | 3,0% |
| Lituanie | 3,0% |
| Allemagne | 2,0% |
| Voir plus de pays | 53,0% |
| Principaux fournisseurs (% des importations) |
2021 |
|---|---|
| Russie | 28,6% |
| Chine | 8,1% |
| Allemagne | 3,6% |
| Ukraine | 3,4% |
| Pologne | 2,5% |
| Voir plus de pays | 53,7% |
Source : Comtrade, dernières données disponibles
Source : Comtrade, dernières données disponibles
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Le classement mondial, publié chaque année, permet de mesurer les violations de la liberté de la presse dans le monde. Il reflète le degré de liberté dont bénéficient les journalistes, les médias et les net-citoyens de chaque pays et les moyens mis en œuvre par les Etats pour respecter et faire respecter cette liberté. Au final, une note et une position sont attribuées à chaque pays. Afin d’établir ce classement, Reporters Sans Frontières a réalisé un questionnaire adressé aux organisations partenaires, aux 150 correspondant de RSF, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme, reprenant les principaux critères – 44 au total – permettant d’évaluer la situation de la liberté de la presse dans un pays donné. Ce questionnaire recense l’ensemble des atteintes directes contre des journalistes ou des net-citoyens (assassinats, emprisonnements, agressions, menaces, etc.) ou contre les médias (censures, saisies, perquisitions, pressions, etc.).
L'indicateur de liberté politique fournit une évaluation annuelle de l'état de la liberté dans un pays, telle qu'elle est vécue par les individus. L'enquête mesure le degré de liberté à travers deux grandes catégories : la liberté politique et les libertés individuelles. Le processus de notation est basé sur une liste de 10 questions relatives aux droits politiques (sur le processus électoral, le pluralisme politique, la participation et le fonctionnement du gouvernement) et de 15 questions relatives aux libertés individuelles (sur la liberté d'expression, de croyance, le droit d'association, d'organisation et l’autonomie des individus). Des notes sont attribuées à chacune de ces questions sur une échelle de 0 à 4, où 0 représente le plus petit degré de liberté et 4 le plus grand degré de liberté. La note globale d’un pays est une moyenne des notes données à chaque question. Elle va de 1 à 7, 1 correspondant au plus haut degré de liberté et 7 au plus bas.
Liberté politique dans le monde (carte interactive)
Source : Liberté dans le monde, Freedom House
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